Deux administratrices et directrices de Francophonie sans frontières, Viviane GUIGNERAT et Jeanne Hortense NSI, ont mené en ce début d'année 2024 des missions de prospection au nom de Francophonie sans frontières dans les îles du Pacifique (Fidji, Nouvelle Calédonie, Vanuatu) et en Égypte. De Nouméa à Alexandrie, nous vous proposons un retour sur leur double expérience de terrain auprès des francophones qu'elles ont pu rencontrer sur place !
(Kiady) Pourquoi avoir privilégié les îles du Pacifique et l'Égypte comme "terres de rencontres" francophones ?
(Jeanne-Hortense) L'Égypte a été choisie comme lieu de rencontre en raison de sa communauté active de francophones et de francophiles, de sa position géographique stratégique et de son rôle en tant que symbole du dialogue interculturel. Ce choix a été soutenu par la Fondation Anna Lindh (Ndlr: la FAL qui a soutenu financièrement ce déplacement). Pendant ma mission en Égypte, j'ai participé à des événements, dont des conférences au Centre d'Activités Francophones de la Bibliothèque d'Alexandrie, mettant en lumière des initiatives telles que la Grande Muraille Verte.
(Viviane) Le Pôle des correspondants internationaux vise à élargir sa représentation pour mieux refléter la francophonie mondiale, en se concentrant sur l'Afrique et en envisageant une expansion en Océanie. Les Îles Fidji, la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu ont été identifiés comme des opportunités potentielles pour promouvoir la francophonie dans la région.
Qui avez-vous rencontré pendant vos séjours respectifs ?
(JH) Pendant mon séjour en Égypte, j'ai rencontré des personnes inspirantes, dont la Consule de France, la Direction de l’Institut Français d’Égypte, des universitaires, des membres d'organisations non gouvernementales et des artistes, tous engagés dans la promotion du français et de la francophonie. Leur engagement témoigne d'une passion pour la langue française et d'une volonté commune de favoriser le dialogue interculturel et la francophonie dans la région méditerranéenne. Leurs perspectives et expertises diverses ont enrichi les échanges autour de la paix, de la coopération régionale et de la préservation de la diversité culturelle, renforçant ainsi mon expérience.
(V) L'énumération des rencontres lors de mon séjour dans la région océanienne a été intense, mais très enrichissante. Grâce à des références fournies par des contacts, nous avons rencontré divers acteurs de la francophonie. Parmi eux, des représentants d'organisations locales comme l'Alliance Champlain et la Maison du Livre, ainsi que des responsables gouvernementaux du CREIPAC et du RESIFAP. Nous avons également eu des échanges avec des représentants de l'Agence Française de Développement et des membres du Congrès de Nouvelle-Calédonie. Ces rencontres nous ont permis de mieux comprendre les enjeux politiques et culturels de la région, notamment en ce qui concerne les droits des femmes et la préservation de l'environnement. Nous avons également établi des contacts au Vanuatu, en particulier avec Mme Esther Rory (membre du gouvernement et représentante du Vanuatu à l'Organisation Internationale de la Francophonie) bien que notre temps y ait été limité, et poursuivi nos échanges à notre retour à Fidji avec France-Volontaires et l'Université du Pacifique Sud. Ces rencontres ont été l'occasion de discuter de possibles collaborations pour promouvoir la francophonie dans la région. Enfin, nous avons été chaleureusement accueillis par le directeur de l'Alliance Française de Suva, qui a exprimé son soutien à nos projets avec enthousiasme.
Viviane Guignerat (troisième en partant de la gauche) et notre correspondante aux Fidji Claire Diane Giraldeau (tout à droite) lors d'une rencontre avec l'Union des femmes francophones d'Océanie (Nouvelle Calédonie)
Avez-vous rencontré des difficultés lors de votre voyage ? Si oui, comment les avez-vous résolus ?
(JH) Pendant mon voyage en Égypte, j'ai rencontré quelques difficultés dans la gestion des rendez-vous et l'accès à Internet. Malgré cela, j'ai réussi à résoudre ces problèmes en restant flexible et patiente. J'ai utilisé différentes méthodes de communication, telles que les appels téléphoniques et les messages textuels, pour organiser mes rendez-vous. J'ai également recherché des points d'accès Wi-Fi à l'Université Senghor et dans les hôtels pour rester connectée. J'ai maintenu une communication étroite avec les organisateurs locaux pour confirmer les rendez-vous à l'avance, notamment pour des rencontres avec le recteur de l'université Senghor, les clubs étudiants et la Fondation Anna Lindh. Bien que je n'aie pas pu rencontrer certaines personnes des institutions sur place, j'ai proposé des rendez-vous virtuels par e-mail. Malheureusement, je n'ai pas pu rencontrer le Directeur du lycée français à Alexandrie, mais j'ai envoyé une demande de connexion via LinkedIn pour poursuivre les échanges.
(V) La planification de l’agenda n’a pas été facile car la saison n’était pas très propice. En effet, dans l’hémisphère sud, ce sont les grandes vacances donc il est difficile de rejoindre les personnes des gouvernements ou des universités. J’avais souvent des réponses automatiques. Il a fallu concentrer les rencontres en peu de jours et même faire des regroupements. Des difficultés organisationnelles pour les déplacements aériens qui nous ont fait perdre du temps car les vols ne sont pas quotidiens. La conciliation de tous nos interlocuteurs, leur bonne humeur et la convivialité de tous ont vite permis le succès de la mission !
Avez-vous trouvé des personnes avec qui vous avez eu de grandes affinités, malgré le fait que les Îles Fidji, le Vanuatu ou l'Egypte ne soient pas traditionnellement des terres de la francophonie ?
(JH) J'ai eu la chance de rencontrer des personnes avec lesquelles j'ai partagé une grande affinité, malgré le fait que l'Égypte ne soit pas un pays francophone traditionnel. Ces rencontres m'ont montré comment la passion pour la langue française et les valeurs de la francophonie peut transcender les frontières linguistiques et culturelles. J'ai été particulièrement impressionnée par le leadership du recteur de l'université Senghor et par notre engagement commun en faveur du dialogue interculturel, de la paix et de la durabilité. Ces échanges ont nourri nos réflexions pour des collaborations futures, promettant d'être enrichissantes à court, moyen et long terme.
(V) Bien au contraire, les pays ou la francophonie est moins évidente étaient plus ouverts à la francophonie internationale comme au Vanuatu. Madame Esther Rory nous a rencontré deux fois avec son mari, docteur en littérature à la retraite et sa fille, enseignante de français. Elle a participé à la réunion que nous avons organisée en fin de mission et elle a essayé également de se joindre au Café-Franco, malheureusement les pluies torrentielles et l’annonce d’un cyclone ne lui ont pas permis.
Quelle est la prochaine étape concrète que vous envisagez de mettre en œuvre sur place ?
(JH) Les prochaines étapes que je prévois de mettre en œuvre, avec le soutien du président de FSF et de toute l’équipe, sont les suivantes : 1. Poursuivre le développement des relations établies lors de ce séjour, concrétiser les pistes de collaborations discutées ou à venir. Cela pourrait inclure la mise en place de projets communs, des initiatives de recherche, des échanges culturels ou académiques, des ateliers de formation, et des initiatives visant à promouvoir le dialogue interculturel. 2. Établir des partenariats durables avec les institutions locales, la société civile et les académies afin de renforcer le dialogue interculturel et de promouvoir davantage la francophonie en Égypte, en ouvrant sur le monde économique et culturel. En travaillant en partenariat avec les acteurs locaux identifiés et futurs, je suis convaincue que nous pouvons continuer à promouvoir le dialogue interculturel, renforcer les liens entre l'Europe et la Méditerranée, redonner au français une place honorable en Égypte et rendre l'espace francophone de plus en plus attractif pour la jeunesse, en le présentant comme un espace dynamique et porteur d'opportunités professionnelles et de réseautage.
(V) Nous avons entamé la première étape en collaborant avec des correspondants locaux. Daniel Miroux de l'Alliance Champlain à Nouméa est devenu notre correspondant en attendant de trouver d'autres personnes. Il a déjà exploré des possibilités de collaboration lors de la semaine de la francophonie à Nouméa, offrant ainsi une visibilité à FSF. - À Fidji, Claire-Diane travaille déjà sur des projets visant à rassembler Tonga et Kiribati, en coopération avec les alliances françaises et l'Ambassade de France à Suva. - La complexité de l'organisation aux Fidji, notamment en raison des inondations et des coupures d'électricité dues à la saison des pluies, nécessite une approche créative. Une soirée cinéma suivie d'une discussion conviviale est prévue pour rassembler les francophones et francophiles de l'île. - La prochaine étape consistera à entretenir ces relations et à explorer comment FSF peut contribuer à la région, par exemple en soutenant des événements tels que le tournoi de football international organisé par l'association BAYU BIIK. - Nous espérons également établir des liens avec l'école de langues de l'Université du Vanuatu et explorer des collaborations avec d'autres universités francophones grâce à nos contacts avec le CREIPAC et Valérie Meunier. - Nous avons également noté l'importance du plurilinguisme dans la région et l'intérêt pour la traduction dans des langues autochtones, une mission qui passionne Claire-Diane, traductrice-interprète.
Y a-t-il une anecdote particulierement marquante que vous aimeriez partager avec nous?
(JH) Une anecdote particulièrement marquante de mon voyage a été la conférence sur la journée des droits des femmes organisée au sein de l’Université Senghor. Après les discours passionnants des femmes oratrices et le mien, chaque homme présent dans un discours mi-sérieux teinté d’humour a remis une rose à une femme en signe de respect et d'appréciation rivalisant. C'était un geste simple mais profondément symbolique, illustrant l'importance de l'égalité des sexes et du respect mutuel. Cette fleur qui m’a été remise et à toutes les autres femmes, oratrices et participantes, empreinte de délicatesse et de reconnaissance, a profondément marqué les esprits et a renforcé le sentiment d'inclusion et d'égalité entre les genres. Cela a illustré de manière poignante l'importance de l'inclusion et de la collaboration entre les genres dans la promotion de l'égalité des droits.
À droite : Jeanne Hortense (tout à droite) en présence de Mme la Consule de France à Alexandrie Lina Blin, de Mme Marwa El Sahn, Directrice du Centre d'Activités Francophones de la Bibliothèque d'Alexandrie.